HOME AMOUR MATERNEL La femme grosse d’un enfant à venir, son ventre resplendissant, les mains affectueuses collées sur ses rondeurs, nue souvent, offre l’image d’un bonheur infini. Ici, il n’en est pas question. Détresse et souffrance, non seulement d’un moment non désiré, mais simplement d’un rejet physique. Il n’est pas intéressant de savoir ce qui au juste crée ce rejet. Un désir d’expulsion, un renvoi au même titre qu’un greffon qui ne prend pas. La photographie se veut volontairement obscène, au sens propre, à dépeindre des femmes qui affichent leur détermination à ne pas accepter « le miracle de la nature ». On peut ne pas vouloir vivre l’expérience de la grossesse, c’est-à-dire, joyeusement accepter les nausées et les envies de fraises ! Il faut pour ces femmes face à l’objectif affronter la colère. Une colère retournée contre elles-mêmes, une confrontation aux fillettes qu’elles ont été, une culpabilité sans cesse ressassée, une liste sans fin de sentiments ambigus qui habite ces modèles abandonnés à leur solitude. Femmes abandonnées au regard de la photographie. Chaque prise de vue se veut un épisode biographique et un révélateur du monde, une exhibition dans l’espace public qu’est l’image, dans ce lieu hors de la sphère privée. Rien ne nous dit, si ce n’est que par quelques mots échangés, les raisons de ce refus. A l’origine, des rencontres, du plaisir, des situations que l’on souhaite dissocier des conséquences biologiques et sociales accablantes. Rendre compte par des images de ce lien organique entre dégoût, révolte et échec. Inventer une photographie hormonale à même de susciter une vision amère et désabusée. Rien n’est gai et tout est sombre à cet instant pour ces femmes projetées vers un monde inconnu, celui d’un dialogue interdit. Il faut regarder ces femmes assumer ou ne pas assumer le désir d’enfant, avec ou sans culpabilité.

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Last Update 10/07/2020